Alors on chante !
Comme beaucoup de communautés, celle où j'évolue actuellement regroupe juxtaposés des éléments bigarrés qui n'ont pas choisi d'évoluer ensembles et qui, pourtant, sont contraint de le faire.
Il y a le groupe des anciens. 20/40 ans. Ils avancent en territoire conquis, complices du personnel, parfois exubérants, veillant les uns sur les autres. On les envierait presque s'ils n'étaient porteur d'une autre vérité.. c'est leur deuxième ou troisième séjour, parfois plus, autant d'échecs ambulants du programme.
Il y a les d'autres anciens. Ceux-ci sont plus âgés. 50/70 ans. De bonne compagnie, les plus dynamiques sont les premiers en salle de sport arrivant même à raconter leur vie sur un tapis de marche alors que j'arrive à peine à leur répondre. D'autres sont moins sportifs et parfois diminués mais se retrouvent pour marcher et discuter en faisant le tour de la clinique ou dans le petit salon.
Les quadragénaires, surtout des femmes, sont moins sociables dans l'ensemble. Indépendantes, elles s'isolent et parlent peu même pour dire bonjour.
Et puis, il y a les autres. Ceux de tous âges que l'on ne voit qu'aux repas ou inclassables comme ce jeune adulte qui s'occupe en coloriant des super héros et ceux qui n'appartiennent à aucun groupe, comme moi. Élément individualisé de fait qui, parce qu'il doit partager ses repas, se retrouve à se rapprocher d'autres entités avec lesquelles il n'a aucun point commun. Quoi faire ? D'abord vérifier si quelque part ne se trouve pas une infime affinité. Lorsqu'on l'a trouvée, s'y raccrocher ou alors parler de nourriture.. ça marche toujours. Évidement, les banalités d'usage sont usées et re-usées mais rien de bien concluant.
C'est alors qu'intervient un évènement que j'avais jusque-là dénigré.. la soirée Karaoké !
Concept hérité du Club Med, digne du Camping des Flots Bleus, autant dire que ce n'était pas le genre de party à laquelle j'avais envie de pendre part. Mais, poussée par l'ennui et mes camarades de table, me voila devant un téléviseur louant la providence car n'ayant pas de micro nous étions invités à chanter tous ensemble.
Qu'elle ne fut pas ma surprise dès lors de voir se confondre les genres, naître des complicités et s'échanger des regards amusés. Les barrières sont tombées unes à unes pour les personnes présentes ce qui s'est traduit dès le lendemain par des bonjours francs et des sourires amicaux en salle de restaurant.Elle est pas plus belle la vie !!? Non ? Alors chantez maintenant !